Nick Wheeldon

La Gross Radio - Waiting For The Piano To Fall, Review

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Alors qu'un nouveau single de Nick Wheeldon est attendu pour le 21 juin prochain, extrait de son quatrième album solo, il nous a semblé opportun de consacrer une chronique express à son LP précédent, le très touchant Waiting for the piano to fall. Parus au mois de février, les onze titres qui le composent n'ont eu de cesse, depuis, de hanter notre espace sonore. Parfaitement assortis à un hiver mélancolique, ils se révèlent tout aussi indiqués en cas de printemps poussif et capricieux.

C'est qu'il pleut sur cette confection solo de Nick Wheeldon. De l’introduction tragique "Stamping on the daffodils" servie par une interprétation arrache-cœur, à l’apaisement final "There’s no spider in my room", l’orage violent fond certes en crachin délicat, mais l’eau n’a de cesse de nous tomber sur la gueule 40 minutes durant, avec une mélancolie des plus romanesques. Impliqué dans mille projets, personnels ou collectifs, c’est avec une sensibilité exacerbée que le Parisien d’Angleterre se livre à celui-ci, entouré de musiciens tout aussi vulnérables, réunis sous le patronyme éphémère The Living Paintings.

La méthodologie suivie est la même que pour Gift, l’album précédent : sans répétition préalable, le groupe se réunit sur une semaine pour enregistrer live, sur un 8-pistes à bandes. C’est sans doute ce qui fait le charme de l’œuvre : brute, brillant pas ses aspérités – c’est plus ou moins le caillou que tu ramasses dans la colline, et que tu gardes dans ta poche sans questionner cette impulsion.

L’enregistrement semble très intime, on a conservé la substance essentielle de l’instrument, et c’est comme si l’on redécouvrait que les cordes d’une guitare se grattent, celles d’un violon se frottent… Plectres et archers font partie de l’expérience, autant que les déchirements de voix qui imperfectionnent la partition et ainsi, lui confèrent son humanité. Et qui subliment, surtout, des mélodies franchement obsédantes : l’excellent single "They’re not selling flowers around here anymore", "Routine Prisonner", "Waiting for the piano to fall", hantent l’esprit longtemps après leur disparition, restent dans l’air… Et nous poussent à relancer la musique, piégés dans un tourbillon qui ne cessera son mouvement qu’à la chute finale du piano.