La Cave au Thorax Review, Waiting For The Piano To Fall
Ah, Nick Wheeldon ! Cet album est le plus récent d’une déjà longue série, Nick multipliant inlassablement les projets, année après année, sous divers noms de groupes qui brouillent un peu les cartes. Mais ne nous y trompons pas, il est très productif… et inventif ! En toute logique, comme pour Bob Marley ou d’autres, son nom personnel a fini par s’imposer pour qualifier ses projets (Bob Marley & The…, Nick Wheeldon & The…) mais il continue à jouer collectif, n’étant pas du tout du genre prétentieux. D’ailleurs on se demande comment il fait pour réunir quasiment chaque année un nouveau groupe d’excellents musiciens français, dont on n’avait pas forcément entendu parer avant et qui l’accompagnent admirablement sur ses albums et sur scène. C’est le cas avec les Living Paintings comme ça l’était avec les Demon Hosts l’année dernière, ou avant avec les Necessary Seprations, 39th & The Nortons ou encore avec Os Noctambulos, groupe qui vit toujours même si en stand-by ces derniers temps.
Nick est arrivé en France vers 2012 avec Coline Presley, une fan de garage-rock originaire du Mans, passée par Paris puis par Sheffield, où ils se rencontrèrent. Dès leur installation à Paris, ils fondent Os Noctambulos avec Baldo (batterie) et Valentin (lead guitare), tandis que Coline tient la basse et Nick la guitare rythmique et le chant. C’est du garage rock très sixties et mâtiné de surf music, excellent ! Ils seront plus tard rejoints par le talentueux Chris Bartlett à la pedal steel guitare et publieront plusieurs albums et quelques 45 tours (tous sur vinyl sauf un sur K7 mais qui sera réédité en 25cm).
Cependant, Nick diversifie rapidement les projets, avec 39th & The Nortons, excellent groupe, un peu plus orienté pop qu’Os Noctambulos et auquel participera Jaromil Sabor, un musicien de Bordeaux qui vaut le détour lui aussi. Puis avec The Necessary Separations, plus orienté country et folk (c’est là où il rencontre Chris Bartlett). Ces deux projets sont tout aussi intéressants que le premier. Parallèlement, Nick assure aussi, dès ses débuts en France, des sets en solos (guitare-chant), un exercice périlleux mais dont il se tire de tire de mieux en mieux, n’arrêtant pas de progresser dans son jeu de guitare comme dans son chant et avec une présence scénique indubitable !
D’où l’aboutissement vers des albums « solo » sous son propre nom, même si toujours accompagné, à partir de 2021 avec un premier album intitulé Communication problems, par « Nick Wheeldon & Friends », composé en un seul jour et enregistré avec divers amis pour chacun des 11 titres qui le composent. Mais d’autres projets émaillent son parcours, dont un album avec Alizon en 2018 (Nick & Alizon) ou encore avec Vincent Vauchez au sein de Domo Komo en 2020 (album Bugs) et sa participation au groupe Les Soucoupes Violentes, à la basse, pendant quelques années. Mais cette liste de collaborations est loin d’être exhaustive… Le mieux est de se reporter à sa page internet, très complète : https://nickwheeldon.com
Son album Gift en 2022 est particulièrement réussi et il obtient (entre autres articles de presse) les honneurs de Rock & Folk qui le désigne comme album du mois en 2022 (une rubrique habituellement réservée aux grosses pointures poussées par les maisons de disques et qui ne me parlent pas d’habitude ; mais pour une fois, j’adhère à 100% à leur choix).
Il est donc suivi cette année par Waiting For The Piano To Fall, un album moins évident et dans lequel j’ai plus de mal à entrer, mais toujours très beau, avec du piano, du chant en duo, plein d’harmonies et divers arrangements. Présentation à la Mécanique Ondulatoire (Paris, 11e) vers mars 2024, avec un set un peu plus rock & roll que l’album, avec deux guitares et toujours ce chant intense et abrasif de Nick. Puis j’ai l’occasion de revoir le groupe début juillet, à L’International (Paris 11e), sans le deuxième guitariste, mais avec un vrai piano acoustique qui sonne magnifiquement bastringue et un violoniste (présent sur l’album mais pas à la Mécanique). Le son global est excellent, les musiciens aussi, tous, pour une prestation intense et avec un son assez acoustique mais très plein, très chaleureux, de la haute voltige !
Du coup je réécoute plus attentivement l’album à la maison et s’en dégagent quelques morceaux particulièrement attachants, comme They’re not selling flowers around here anymore, ou surtout Oh ! Surprise, qui m’a interpellé dans sa version live à l’International. Des mélodies très efficaces et entêtantes ; c’est du travail très fin, de l’orfèvrerie (pour reprendre un cliché souvent appliqué à propos de Love ou des Zombies, mais c’est justifié) ! Idem pour Black Madonna, qui ouvre magnifiquement la face B. On est beaucoup plus dans la douceur et la nostalgie que sur les albums d’Os Noctambulos (plus garage rock) mais c’est tellement beau que ça passe terriblement bien (car le folk reste quand même un genre très casse-gueule, surtout en France – bon, ça tombe bien, Nick est anglais). Sur le morceau titre, Waiting For The Piano To Fall, encore une excellente partie de basse et des arrangements qui me font penser au 3ème album des Allah Las. Mais sinon, questions références, Nick me rappelle de temps en temps John Lennon ou Bob Dylan (excusez du peu) ! Evidement, Nick possède bien d’autres influences et les miennes sont assez limités, notamment dans le domaine de la pop indé et du folk ou de la country, mais bon, en tout cas, il soutient la comparaison avec quelques-uns des musiciens les plus illustres.
Et bien sûr, il est déjà sur le point de sortir encore un nouvel album, comme toujours ! On a du mal à le suivre mais c’est tant mieux ! Pourvu que ça dure - et c’est bien parti pour… Si vous le voyez annoncé en concert près de chez vous, ne le ratez pas, vous direz sans doute un jour à vos enfants : « j’y étais » !