Nick Wheeldon

Mowno - Waiting For The Piano To Fall, Review

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Dans les pages du Mowno #4, Nick Wheeldon annonçait déjà la sortie de Waiting for the Piano to Fall et expliquait lui avoir appliqué la même méthode d’enregistrement que pour son précédent album : entrer en studio sans répétition préalable. La fraîcheur, l’immédiateté de ses compositions en résulte. Il disait aussi aimer multiplier les noms de groupes suivant les musiciens qui l’accompagnent, car ce sont rarement les mêmes. Ici, sous le nom de The Living Paintings, se sont réunis des gens qui n’avaient jamais joué ensemble, soit Nico Brusq (Greg Ashley) à la batterie, Stéphane Jach (Jach Ernest) au violon, Luc Martin (Bootchy Temple) à la basse, Sam Roux (Handy Curse) au piano et claviers et enfin Paul Trigoulet (Don Idiot) à la guitare lead.

Des musiciens, des alchimistes qui ont tissé des orchestrations plus riches et diversifiées; l’obsession pour Dylan de l’anglais installé à Paris depuis plus d’une décennie est moins prégnante, ou renvoie à ses sorties des années 70; le piano prend plus d’espace et le violon apporte toute sa grâce. Les premiers mots de ce disque, eux, sont nus et transpercent par leur douleur contagieuse. Il est ici essentiellement question d’amour, celui qui pique et serre l’estomac. Et lorsque le thème est autre, il reste sous-jacent. They’re Not Selling Flowers Around Here Anymore, par exemple, aborde le sujet de la gentrification d’un quartier parisien qu’il fréquente depuis des années, et l’émotion est palpable dans ce titre aussi délicat que magnifique qui rappelle des Townes Van Zandt ou – plus près de nous – Elvis Perkins. Nick Wheeldon n’évoque que ce qui le touche. Ainsi, le très 60’s Routine Prisonnier atteint des sommets d’intensité alors que le plus rock Isaak, lorgnant vers les Only Ones, bouleverse en souhaitant le retour d’un être cher.

Pourtant, malgré ses thématiques, l’album ne s’enfonce jamais dans la morosité. Et que ceux qui ont découvert Nick Wheeldon avec son précédent Gift – qui sonnait comme une merveilleuse évidence du début à la fin – se rassurent, ils trouveront ici largement leur compte. Notre homme paraît plus inspiré que jamais et en confiance pour laisser aller sa voix à des intentions théâtrales (Thief, Black Madonnas) et plus simplement la mettre en avant sur des morceaux dépouillés. Il régale avec le titre éponyme sur lequel les notes du vénérable instrument dissonnent joyeusement. Sa chute correspondra à celle de notre société de consommation face au changement climatique. Il semble attendre ce moment avec impatience, tout en s’assurant que chacun de ses proches sache nager.

Ce n’est peut-être pas celui qui l’inspire ou qu’il recherche, mais Nick Wheeldon mérite tout notre amour suite à cette trilogie d’albums publiés en son nom. Il faudra aussi s’intéresser de près à ses autres groupes – Os Noctambulos, The Necessary Separations, Dômo Kômô et le reste de la liste. Oui, ça fait beaucoup, mais le temps passé à ses côtés n’est pas perdu.