Nick Wheeldon

Rock à la Casbah, 'Make Art' Review

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L'année 2024 touche à sa fin. Notre chouchou anglais Nick WHEELDON pourrait bien réussir l'exploit de classer deux albums (dont un double), dans le top 2024.

      Après l'excellent Waiting for the piano to fall, enregistré avec The LIVING PAINTINGS (mis en vedette sur nos ondes radiophoniques, juste avant sa publication début février), l’anglais résidant en France sort le double et magnifique Make art, sous un nouvel avatar, Nick WHEELDON and FRIENDS (oui, on a connu plus audacieux comme nom de groupe).

Selon Nick WHEELDON lui-même, réaliser un double album (avec pochette Gatefold, comme on dit sur Discogs ou chez les disquaires branchés) était « un rêve de gosse ». On lui accorde cette fantaisie, tellement les seize nouveaux titres sont parfaitement incarnés, totalement habités (la marque de fabrique de WHEELDON) et sans boursouflures propres à la décennie 70's, alors même que le disque lui rend hommage.

Au départ (soit l'intégralité de la face A), Nick WHEELDON semble beaucoup plus apaisé et dépouillé que sur le précédent album. Ce n’est pourtant qu’une illusion : l’anglais redevient progressivement sauvage, comme sur l'intense doublette de la face B, Glue et Comedy (guitare folk tendue, piano bastringue, basse swing, saxophone très free). Puis, à mi-parcours, il retrouve le chemin d’un certain classicisme (Start again et Shot of Turpentine, face C), pour terminer dans un époustouflant final psychédélique (The fall of the grand monument) et spectral (superbe Naked in death, en conclusion fantomatique).

Comme sur la majeure partie de sa riche et sans faille discographie solo, guitare, basse, batterie et voix de ce Make art ont été enregistrées complètement live, sans aucune retouche, de nouveau sur un 16 pistes Tascam à bande (information cruciale pour rassurer les geeks de la prise son). Les seuls overdubs permis furent accordés au piano, au saxophone et au violon, juste maltraité comme il faut.

Sans avoir recourt à la rugosité électrique des guitares entendues dans de précédentes oeuvres de Nick WHEELDON (notamment le jouissif NICK DRUNKEN BROKEN ARMS & HIS FALSE DYLAN COBB de 2021), ici, la tension est entretenue par le piano, la guitare folk et un basse-batterie bien rodé, qui avance et ne s’arrête jamais.

Le résultat est impressionnant : si codes et canons folk, country, americana sont maîtrisés et respectés, ils sont abordés en totale liberté, permettant ainsi à l'auditeur de voyager dans différentes ambiances sonores, sans aucune barrière ni frontière : calme acoustique (Garden of doubt, comme si Nick DRAKE avait enregistré la chanson titre du Harvest de Neil YOUNG ; Skimming stones), country lacrymale (I thought of you from afar ou The idealiste, une des plus belles chansons entendues en 2024, celle que Will OLDHAM a oublié d'écrire depuis le deuxième album des PALACE BROTHERS), psychédélisme de bonne facture (car n’excluant pas l’auditorat ; ouf ! la branlette de manches semble interdite chez les FRIENDS), escapades semi-expérimentales, heureusement jamais trop babaïco-mystiques (introductions d'In a wilderness forgotten et d'I find a home ; Garden, oh garden), ou encore folk crépusculaire (Naked in death).

Une fois de plus, sur les quatre faces du disque, la voix de Nick WHEELDON joue aux montagnes russes, passant d'un calme plutôt inédit chez lui (entendre par là très calme), à la sauvagerie la plus extrême (Glue ; Comedy, et son incroyable performance vocale, entre Ezra FURMAN et Bob DYLAN).

Précédemment, Nick WHEELDON se situait dans les sables mouvants du GUN CLUB ou dans une approche plutôt Chiltono-Lennonienne. Aujourd’hui, c'est comme si CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG (Start again) jouaient dans le jardin de George HARRISON, en compagnie de Pharoah SANDERS (Garden, oh garden). Du grand Art musical réalisé entre amis ! Cela va alors être difficile de choisir entre la doublette d'albums de 2024 de Nick WHEELDON cette année, tous deux chaudement recommandés par la maison !

bingO
(29 novembre 2024)