Slow Show - 'Gift' Review
NICK WHEELDON’S DEMON HOSTS « GIFT »
4 NOVEMBRE 2022
STÉPHANE PINGUET
Il est loin d’en être à son premier album, mais Gift, qui porte finalement bien son nom, révèle l’immense talent de l’outsider anglais Nick Wheeldon.
Exilé à Paris depuis dix ans, le musicien de Sheffield a depuis enregistré une vingtaine de disques, tous sortis dans l’indifférence générale. Ce petit dernier, est enregistré en quelques heures avec un groupe fraîchement formé (Demon Hosts). À l’écoute de Gift, on pourrait, sans rien connaître du bonhomme, penser à ce genre de rocker maudit duquel tout le monde serait passé à côté pendant 40 piges. Car on ne va pas se mentir, le disque n’a absolument rien à envier aux grands noms du rock. Ces neuf chansons de folk rock lo-fi (qui foutraient en PLS n’importe quel fan de grosses prod’ léchées sans âme) évoquent tour à tour Alex Chilton, parfois le Velvet et la nonchalance d’un Lou Reed voire même même Daniel Johnston pour le côté DIY ou, pourquoi pas, le Dylan du Greenwich Village, mais au final, on pourra simplement foutre les comparatifs de côté et se contenter d’apprécier le style unique de Wheeldon.
Pour faire court, on a devant nous un (grand) disque de folk/rock fragile, brut, toujours sur la brèche ou l’attention porte clairement plus sur la qualité des compo’ que sur la production. Car le propos de l’album est ailleurs. Le disque est cathartique, on y parle d’amour ou de peine de cœur, et, à chaque fois, ça nous touche en plein cœur. Si le début du disque aiguise rapidement notre curiosité, c’est à partir de la quatrième piste (« I Am The Storm ») que le charme indéniable se transforme en coup de foudre. S’ensuivent « Fragile Mind », « Tip Top By Danger », « Paint The Town », « Saint Mary » et « I Stole The Night » (en gros, le reste du disque), de fascinantes et bouleversantes complaintes mélancoliques.
Quelques mois à peine après Communication Problems, Nick Wheeldon prouve une fois de plus, comme si c’était encore nécessaire, que le rock’n’roll devrait toujours ressembler à ça. De belles compo’ enregistrées sur le vif, sans fioriture. Le genre de disque que l’on n’attend pas, un classique d’une évidence rare, qui vous met une claque sans en faire des caisses.